CIMENTS
En fin d’année 2016, l’association a lancé le premier appel à projets auprès d’artistes pour la résidence nomade : Chacun met son parpaing à l’édifice. C’est l’artiste Elodie Guignard qui a été retenue avec son projet photographique qui intègre la poésie personnelle de chacun sur son lieu de travail.
C’est un travail sensible et fragile qu’elle mène, emmenant les personnes qu’elle fait poser dans des lieux au caractère intemporel. Elle construit avec la photographie, un univers nourri de références littéraires et picturales où chacun peut se projeter et construire ses propres histoires.
Aussi, que ce soit dans les séries bretonnes, où elle met en scène de jeunes gens dans la nature, dans les séries indiennes où elle fait poser les habitants d’un village, à la frontière du Bangladesh, où lorsque elle photographie des compagnons d’Emmaüs dans des costumes fantasques, il s’agit toujours de transfigurer le réel et nous plonger dans un temps arrêté, imaginaire et imaginé.
Durant sa résidence, l’artiste a proposé à chaque personne du groupe de se mettre en scène, en apportant son univers personnel et sa poésie intime. Un espace de liberté créative, une rencontre, un projet où chacun prend le risque de se dévoiler aux autres, le tout sur le temps du travail.
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Les restitutions
Une exposition en extérieur
Une vingtaine de portraits en grand format ont étés exposés sur la façade du siège Lamotte à Rennes, durant l’été 2018.
Un livre
Le travail d’Elodie a fait l’objet d’un livre, dans la collection Le Chemin des Anes, publié en décembre dernier 2017 aux Editions de Juillet. Y figurent l’intégralité des portraits réalisés par l’artiste, accompagnés d’un entretien réalisé par Isabelle Tessier, directrice de l’Artothèque de Vitré.
Une exposition itinérante : La boite à expos
Une sélection des tirages réalisé lors de la résidence d’Elodie Guignard ont étés présentés dans des boites, qui tous les mois circulaient entre les différents sites du Groupe Lamotte en France.
Accompagnées d’un kit d’expositions et d’une notice explicative, les référents de chaque agence ont pu réaliser des expositions dans leurs locaux et s’improviser commissaire d’expo.
Extrait du livre :
Isabelle Tessier : « En 2016, l’association Les ailes de Caïus et le Groupe Lamotte proposent un appel à projet pour une résidence artistique nomade. Chaque artiste, ou collectif d’artistes, doit proposer un projet impliquant la participation des équipes du groupe, plus de 200 collaborateurs sur 13 agences. Quel projet leur soumets-tu ? »
Elodie Gugnard. : « J’ai répondu à cet appel à projet lancé par Les Ailes de Caïus sur leur site web. La manière dont il était présenté laissait beaucoup de place à la créativité. J’étais libre de proposer un peu ce que je voulais, une sorte de carte blanche. Ce n’était d’ailleurs pas réservé aux photographes. Depuis toujours, je m’intéresse aux portraits et aux gens ; j’ai donc proposé d’aller photographier l’ensemble des collaborateurs du groupe en les mettant en scène et en essayant de créer pour chacun un univers propre basé sur ma façon de travailler. Au départ, j’avais proposé de les prendre sur leur lieu de travail mais, par la suite, ce projet a évolué et j’ai décidé de réaliser des photographies en extérieur car l’espace de travail n’était pas adapté à ce que je souhaitais restituer. C’était une vraie carte blanche.
I.T. : « Comment organises-tu les rencontres avec ces personnes ? »
E.G. : « Je me suis déplacée dans les différents sites. J’allais dans une agence différente, une fois par semaine, pendant plusieurs jours. En général, je demandais à ce que soit organisée le matin de mon arrivée une rencontre avec les différentes équipes. Parfois, ils étaient peu nombreux, j’avais l’ensemble du personnel. Dans les agences plus importantes, on faisait des groupes par secteur d’activité et je leur exposais mon travail et l’orientation que je voulais prendre. Je leur ai montré le livre Les Magnifiques en disant que c’était un peu l’idée de départ, sans vouloir faire la même chose. On a alors commencé à planifier les rendez-vous en fonction des disponibilités des uns et des autres. Dans un deuxième temps, j’ai rencontré les personnes individuellement pour préciser les idées. Puis nous sommes partis sur les prises de vues. »
I.T. : « C’est une vaste entreprise de décider de photographier l’ensemble du personnel. Était-ce pour toi un désir, à travers une mosaïque de portraits, de donner un visage à l’entreprise par une visibilité de ceux qui la composent et l’animent ? »
E.G. : « Je crois que dans mon travail je vais souvent à la rencontre de communautés différentes, de groupes de personnes. Ce fut le cas avec Emmaüs, et aussi lors de mes voyages en Inde, dans les villages. Ce qui m’intéresse, ce sont les groupes de personnes, aller voir qui sont les gens, les individus, parler et raconter des histoires humaines. Donner un visage à l’entreprise… Oui, mais donner plutôt les visages de ces gens, avec leur richesse intérieure… Montrer qui sont ces gens qui travaillent dans ce groupe. »
BIO EXPRESS
Diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure d’Arles, Elodie Guignard vit et travaille à Paris comme photographe et auteure. Elle développe une recherche photographique sur l’humain, le corps et les liens qu’il entretient avec le monde qui l’entoure.
Ciments
Entretien avec Élodie Guignard mené par Isabelle Tessier, directrice de l’artothèque de Vitré (35) / Auteurs : Elodie Guignard, Loïc Bodin, Isabelle Tessier
16 x 23 cm – 112 pages intérieures en couleurs – Couverture rigide / ISBN : 978-2-36510-056-4
https://www.editionsdejuillet.com/products/ciments
… parmi les photographies à découvrir dans le livre :
© Elodie Guignard, 2017
